En composant la mise en scène du château et des communs dans l'espace de 40 hectares taillé au cœur de la nature, Le Nôtre et Le Vau réalisent pour la première fois la plus parfaite relation entre architecture et environnement paysagé de tout le XVIIe siècle.
Dans ce vaste espace rythmé par des terrasses successives, Le Nôtre, dès cette première création, dispose les éléments de ses jardins : rinceaux de buis imitant les motifs de tapis turcs, bosquets, grottes, pelouses, eaux dormantes ou jaillissantes, plantations d'encadrement ; cette conception nouvelle traduit l'ordre, la rigueur et la noblesse de cette époque. Si le jardin de Vaux était le seul à subsister, il suffirait à faire comprendre les règles de l'art des jardins du Grand Siècle.
Dans cet espace qui, de la grille d'entrée à la lointaine statue d'Hercule, s'étend sur 1500 mètres de long et sur une largeur en moyenne six fois moindre, le château domine l'immensité de verdure quelque soit l'éloignement duquel on l'observe. Cette impression de position "régnante" sur un si vaste espace est symbolique de l'ascension du maître de maison. Par la remarquable utilisation des lois de la perspective et de l'optique, le jardin donne l'agréable sentiment d'être embrassé tout entier dès le premier coup d'œil ; mais ce sentiment est une illusion, volontairement entretenue par le talent de Le Nôtre. Ainsi, à quelques minutes du château, les grottes qui semblent élevées sur le bord du bassin carré, s'éloignent plus on s'en rapproche. Soudain, aux pieds du promeneur le ruban de lumière d'un grand canal émerge d' une vallée transversale jusqu'alors invisible, et révèle au spectateur mystifié la réalité : les grottes sont en réalité construites de l'autre côté de cette vallée insoupçonnée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire