Saint Jean de Matha, saint Félix de Valois et saint Ivan - œuvre de Ferdinand Maxmilián Brokof (1714) . Ce groupe de statues très imposant est une commande du comte František Josef Thun au nom de l'ordre des Trinitaires que saint Jean et saint Félix avaient fondé au 12e siècle et dont la mission était de racheter les chrétiens prisonniers des infidèles. Sur un rocher se dresse saint Jean avec ses menottes cassées et, juste à côté, saint Félix. Un peu plus bas, l'ermite Ivan représente les patrons du pays. Dans la partie inférieure du rocher, une grille ferme l'entrée d'une grotte où sont enfermés les chrétiens. Un chien et un Turc portant un martinet et un sabre montent la garde. Derrière le Turc se dresse un cerf avec une croix entre les bois. Celui-ci évoque la période pendant laquelle les deux fondateurs vivaient comme des ermites dans les bois, leur méditation avait été interrompue par l'apparition d'un cerf qui portait une croix rouge et bleue sur la tête.
Sainte Luidgarde, statue encore appelée
Le Rêve de sainte Luidgarde - œuvre de Matyáš Bernard Braun (1710). Bien qu'il s'agisse du premier travail connu de ce sculpteur, cette statue est reconnue comme étant celle du pont qui a la plus grande valeur. Ce groupe en grès, dont le modèle a peut-être été l'Extase de sainte Thérèse de Bernini, fut commandé par Eugène Tyttle, abbé de l'abbaye cistercienne de Plasy. L'original est conservé dans le Lapidaire du Musée national au Centre des expositions. La copie actuellement visible sur le pont est le travail de J. Novák et B. Rak (1995). Luidgarde vécut à la transition des 12e et 13e siècles sur le territoire de l'actuelle Belgique. Elle appartenait à l'ordre cistercien et elle prit le voile après avoir vu une apparition du Christ qui l'appelait à le suivre. Elle fut aveugle pendant les 12 dernières années de sa vie. Peu avant de mourir et alors qu'elle rêvait, elle vit le Christ sur sa croix, il la prit dans ses bras afin qu'elle pose un baiser sur ses blessures. C'est cet évènement qui est suggéré dans l'œuvre de Braun.
La Madone et saint Bernard - œuvre de Matěj Václav Jäckel (1709). Commandé par l'abbé de l'abbaye cistercienne d'Osek, Benedikt Littwerig, ce groupe représente la Vierge Marie et l'enfant Jésus, au centre, qui sont regardés par saint Bernard agenouillé dans son habit religieux. Un ange tient son chapeau d'abbé. La partie gauche ne représente pas uniquement des anges, on y trouve également les symboles de la souffrance du Christ : la croix, les clous, le marteau et la pince, la statuette d'un coq et le voile de Véronique (allusion à la légende de Véronique qui avait donné son voile à Jésus pour qu'il puisse s'y essuyer son front, lorsqu'il le lui rendit, l'image de son visage y était miraculeusement imprimée). L'original de ce groupe est conservé dans la salle Gorlice à Vyšehrad. Sur le pont se trouve une copie dont les auteurs sont M. Vajchr, V. Hlavatý, J. et P. Vitvar, M. Tomšej, A. Viškovská-Altmanová et J. Wolf (1978-1979). Saint Bernard était un penseur religieux du 12e siècle, important représentant de l'ordre des cisterciens et de sa réforme. Grand admirateur de la Vierge Marie, il rédigea le poème Salve Regina (Salut, ô Reine) dont Dante disait que les anges le chantaient au Paradis.
Le Calvaire, la Sainte Croix - premier élément d'ornementation du pont Charles, la croix était déjà présente sous le règne de Charles IV, mais elle fut remplacée à plusieurs reprises. Les statues de la Vierge Marie et de saint Jean ont été créées en 1861 par Emanuel Max. La croix de bronze dorée aujourd'hui visible a été coulée en 1629, à Dresde, par H. Hillinger, puis achetée pour la ville de Prague, en 1657, avec l'assistance de Karel Škréta. Le pourtour de la croix porte une inscription fortement dorée, en hébreux, disant « Saint, saint, saint est le Seigneur des armées » (Kadoš, Kadoš, Kadoš, Adošem Cevaot). Les paroles inscrites sur le socle et la légende indiquent que cette inscription aurait été payée en 1696 avec l'argent qu'un Juif aurait dû verser pour s'être moqué de la croix. L'histoire est cependant fausse, le condamné avait été victime d'une fausse dénonciation. Pour les citoyens juifs et les visiteurs de la ville, l'inscription est incompréhensible, elle blesse même leur conviction religieuse. C'est pour cette raison que trois plaques explicatives, dont l'auteur est le sculpteur Vlastislav Housa, ont été ajoutées le 8 mars 2000.
Bruncvík - La statue du chevalier Bruncvík se dresse au-dessous de saint Vincent Ferrier et saint Procope en retrait de la ligne formée par les autres statues du pont. Il tient une épée dorée à la main, ses armoiries sont à ses côtés et un lion à ses pieds. Ludvík Šimek l'a sculptée (1884) selon des fragments d'une statue de Roland du 15e siècle en ajoutant des éléments de sa propre imagination. Cet ouvrage qui symbolise les pouvoirs de la ville subit de grands endommagements à la fin de la guerre de trente ans, lors des batailles contre les suédois qui eurent lieu sur le pont. Les restes de la statue d'origine et son socle sont désormais conservés dans le lapidaire du Musée national au Centre des expositions. Une vieille légende raconte que Bruncvík était parti à l'aventure dans le monde pour gagner le droit de remplacer l'aigle noir de ses armoiries par un lion. Il rencontra réellement un lion qu'il parvint à sauver contre un dragon à neuf têtes et depuis lors, ce lion était resté son fidèle compagnon. Bruncvík possédait une épée magique qui, sous ses ordres, était capable de couper seule les têtes des ennemis. À son retour au pays, il emmura cette épée dans le Pont Charles pour que saint Venceslas, de retour pour sauver la nation tchèque, puisse venir la prendre là où son cheval gratterait le sol avec ses sabots. Cette épée détruirait les ennemis et apporterait pour toujours la paix en Bohême. Une vieille épée rouillée a en effet été trouvée dans le tablier du pont au cours des rénovations effectuées suite aux inondations de 1890.
Sainte Ludmila et Venceslas enfant - œuvre de Matyáš Bernard Braun (après 1720). Elle remplace un autre groupe de statues qui représentait saint Venceslas en vainqueur, entouré de deux anges, ensemble qui avait été exécuté par Ottavius Mostus de 1695 à 1701 mais qui fut balayé par les eaux de la Vltava en 1784. À l'origine, la statue de Braun se dressait à proximité du château. Sainte Ludmila tient dans sa main gauche un voile avec lequel elle a été étranglée ; avec sa deuxième main, elle montre une bible dans laquelle le jeune Venceslas apprend à lire. La mort de Venceslas est illustrée sur le bas-relief du socle. Le torse de la statue se trouve aujourd'hui dans le lapidaire du Musée national, certaines parties ont encore été trouvées dans les fonds de la Vltava en 2004. L'original de Sainte-Ludmila a été placé dans la salle Gorlice à Vyšehrad, la statue actuellement sur le pont est une copie de J. Kačer et M. Kačerová de 1999.